Nous allons tenter de refléter du mieux que nous pourrons la complexe histoire d’un inventeur de génie et de ses réalisations. Pour la toute première fois, des renseignements précis avec les documents d'époque vont être publiés pour faire partager cette formidable histoire avec les passionnés de scooters atypiques.
Nous remercions l'aide de Monsieur Avol, petit-fils de l'inventeur qui a bien voulu nous confier de précieux documents des archives familiales.
Maurice Avol, né le 19 Janvier 1895, n’a cessé, tout au long de son existence, d’inventer et mettre en œuvre ses réalisations. « Même pendant les repas il faisait des croquis sur le coin de la table ».
C’était un inventeur passionné d’innovation et de technique, dont le caractère tenace le menait au bout de ces projets.
Parmi ses inventions les plus exceptionnelles, il construisit, de ses mains, son propre avion avec lequel il réussit à voler sur une distance de 5m à 50 cm du sol.
Il mit au point une patinette à glace nommée « l’idéale » dont il déposa le brevet du système mécanique qui permettait d’orienter dans le même sens les lames des patins lorsque l’on faisait tourner le guidon.
Il reçut, pour cette réalisation, la médaille de Vermeil au concours Lépine le 4 Octobre 1921.
Il revendra ce brevet pendant la guerre à une société américaine pour financer un autre projet. Les alliés en auront-ils fait bon usage ?
Maurice Avol fit une demande officielle pour réparer des jouets sportifs, qu'il obtient le 23 Février 1943 à condition qu’il subvienne lui-même à son propre approvisionnement de matières premières puisque celles-ci étaient rationnées en temps de guerre.
Il fait ensuite la demande d’adjoindre la fabrication à l’autorisation de réparation, qui est dans un premier temps rejetée en date du 7 Juin 1945.
Maurice Avol , encore une fois ne baisse pas les bras et fait un recours le 26 Juin 1945. Il finit par avoir gain de cause et reçoit l’autorisation officielle pour la fabrication de jouets et d’appareils sportifs à compter du 1er Mars 1946.
A la fin de la guerre, sa passion pour les engins mécaniques le conduit à étudier un tout nouveau scooter qui reprend, dans son idée générale, sa conception d’avant-guerre. Sa carrosserie étant, elle, totalement d’avant-garde puisque très carrossée.
Tel que nous l’avons évoqué lors de notre dernière conversation avec son petit-fils, la question se pose : Maurice Avol serait-il l’inventeur du scooter « nouvelle génération » d’après guerre en France ? Puisque Piaggio n’avait pas encore commercialisé chez nous son tout premier Vespa lorsque son premier prototype vit le jour.
Trois prototypes très différents ….
Le premier prototype construit est un scooter biplace à carrosserie en tôle d’acier embouti, le tand-sad basculant permet l’accès au réservoir d’essence et l’inventeur précise sur sa photo de présentation que les flasques latérales se démontent en deux minutes. L’appareil est doté de deux surprenantes béquilles pour le stabiliser.
La déclaration de propriété de ce premier scooter indique trois chevaux fiscaux. Quelle était sa réelle cylindrée ?
Maurice Avol a proposé son scooter à la société Peugeot qui lui demande, dans un courrier du 10 Mars 1948, plus de précision sur l’engin et des photos. Le 8 Avril 1948, la société de cycles Peugeot fait une réponse de politesse en indiquant qu’ils ont déjà beaucoup à faire avec leurs vélomoteurs et autres productions et ne peuvent se diversifier davantage. Peugeot s’intéressera quelques années plus tard aux scooters, comme d’habitude, une fois que tous les autres auront essuyé les plâtres ! (Ils réaliserons malgré tout de superbes scooters.)
Le second prototype que construisit Maurice Avol fut doté, lui, d’une carrosserie intégralement réalisée en aluminium formé et fonte d’aluminium avec la particularité d’avoir le réservoir posé sur le garde bout arrière servant également de porte paquet.
Son moteur sera un Ydral 128 cm3 puisque les 125 cm3 étaient contingentés à l’époque et il était donc plus facile de se procurer un moteur de cylindrée supérieure. Ce moteur est un modèle L45 monocylindre à double échappement et pipe d’admission du côté droit du cyclindre.
Les archives de vente des moteurs Ydral montrent qu’un seul moteur de cette marque a été vendu à la société Baudin sous le n°1027, le 5 Mars 1949.
La fonte de l’aluminium et sa mise en œuvre a été confiée aux Ets. W. Baudin d’Orléans, que l’on voit apparaitre sur les plaques latérales du scooter. Ce scooter toujours nommé jusqu’ici « MAVOL» n’est autre que le scooter M. AVOL soit Maurice AVOL .
Nous en profitons pour remercier chaleureusement Jean-Luc Chambrier, a qui le scooter a appartenu dans les années 90, car il nous a offert gracieusement la plaque latérale gauche, qui manquait au scooter, lorsque nous en avons fait l’acquisition et qui était restée chez lui depuis.
Encore une fois, un parallèle peut être fait avec un scooter italien puisque San Cristoforo sortira en 1949 un scooter avec une étrange ressemblance à ce modèle.
Le troisième prototype construit par Maurice Avol ne fut jamais fini ni motorisé et péri malheureusement dans un incendie qui ravagea son atelier.
De main en main jusqu’à nous…
Le petit-fils de notre inventeur se souvient du scooter que nous avons la chance de préserver aujourd'hui. Il allait dans l'atelier de son grand père, à l'époque, et voyait le véhicule régulièrement.
Sans connaître précisément le nombre de propriétaires qu’a pu connaître ce scooter, il est difficile de savoir où il a transité avant J-L. Chambrier et après lui puisque sa trace fut perdue jusqu’au jour où nous en avons fait l’acquisition auprès d'un collectionneur fort sympathique qui était pilote de chasse dans l’armée de l’air.
Nous avons nous aussi, en collaboration avec la FFVE, contribué à son évolution administrative en faisant immatriculer ce scooter qui peut désormais rouler officiellement sur nos belles routes françaises si l’envie nous en prend….