Ne trouvant pas le monde du scooter ancien assez vaste, nous avons étendu la collection à tout ce qui était possible d'y ajouter de façon cohérente. Nous allons donc aujourd'hui vous dévoiler un de nos centre d'intérêt que nous n'avions encore jamais évoqué dans ce blog, celui des scooters des neiges et scooters des mers anciens.
Nous commencerons donc par la fantastique histoire du scooter des neiges qui vaut son pesant d'or, ne serait-ce que pour l'histoire ou plutôt l'aventure qu'à vécu Joseph Armand Bombardier, qui fût l'un de ses inventeurs et surtout la personne qui développera ce marché de façon internationale .
Bombardier ou l'invention du moto-neige
Joseph Armand Bombardier est né le 16 Avril 1907 dans le paisible village agricole de Valcourt au Québec. Fils d'Anna Gravel et Alfred Bombardier, il sera l'ainé de huit enfants.
Très jeune, il a des prédispositions pour le milieu mécanique et dès l'âge de 13 ans, il construit un modèle réduit de locomotive animé par un mécanisme d'horlogerie. Puis, il fabriquera d'autres jouets mobiles dont des tracteurs et des bateaux qui feront le bonheur des enfants qui l'entourent.
Rapidement, il désosse une vieille machine à coudre qui se transforme en moteur à vapeur. Il adapte sa création sur le rouet de sa tante qui à son grand désarroi voit son rouet touner de plus en plus vite.
Le jeune adolescent ne s'en arrête pas là et se fait céder d'un ami de son père, un fusil de calibre 12, hors d'usage. Il modifie le canon ainsi que la culasse et le transforme en canon de guerre miniature. Il en fait la démonstration une semaine plus tard au donateur de l'arme à feu, qui en reste médusé.
C’est là que tout commence….
Le père de Joseph Armand se lassant des démontages et remontages du moteur de son auto, confie à son fils le moteur d'une vieille Ford T jugé irréparable. Avec l'aide de son frère Léopold, non seulement, il le répare mais il va mettre au point ce qui sera l'une des toutes premières auto-neige de l'histoire.
A l'âge de 15 ans, le 31 décembre 1922, Le père Bombardier assiste à la démonstration concluante d'un véhicule pouvant se mouvoir de façon autonome sur la neige.
L'engin est constitué d'une luge en bois surmontée du fameux moteur de la Ford T paternelle et propulsé par une hélice en bois adaptée à l'arrière de celui-ci. Léopold s'occupe des commandes et Joseph Armand, debout à l'arrière, s'occupe du bon fonctionnement du moteur. Le père se montre fier de ses fils mais conscient du danger que peut occasionner l'hélice ordonne le démontage immédiat de la "machine infernale".
La famille Bombardier à son grand complet en 1932
A l'âge de 17 ans, avec le consentement de son père, l'inventeur en herbe part faire son apprentissage dans un garage mécanique puis suit des cours du soir en mécanique et électricité automobile, à Montréal.
En 1926, il revient dans son village natal pour créer son propre garage grâce à un prêt personnel que lui attribue son père . Il va acquérir très vite une excellente notoriété grâce à son aptitude à résoudre tout problème mécanique, qu'ils soient d'ordres tant automobiles que concernant un moteur de banc de scie ou autre pompe agricole ....
Mais Joseph Armand reste surtout préoccupé par l'isolement des campagnes, dû à la neige et se met en quête d'un véhicule pouvant se déplacer sur la neige de façon sérieuse .
En 1928, il adapte sur une automobile un système de ceinture d'acier entrainé par un double essieu. Il supprime les roues avant qui sont remplacées par des skis métalliques .
Puis en 1931, il adapte également une chenillette munie d'une courroie de coton sur les roues qui sera suivi en 1935 du système "Barbotin-chenille" composé d'un barbotin en bois recouvert de cahoutchouc entrainant une chenille composée de deux bandes de cahoutchouc reliées entre elles par des traverses métalliques . Il faudra attendre 1937 pour que le bureau des brevets d'Ottawa valide ce brevet , mais c'est la consécration qui motive définitivement notre homme dans ses efforts qui ont fréquemment été soumis aux railleries de certains .
Plutôt que de vendre son brevet à un industriel Joseph Armand Bombardier décide d'exploiter lui-même son invention . Il devient alors industriel, agrandit le garage Bombardier qui fonctionne désormais toute l'année et procure rapidement au village emplois et prospérité .
A l'hiver 1936/1937 apparaissent sept véhicules auto-chenille intégralement conçus par les ateliers "Auto-Neige Bombardier" . Il s'agit du B7 ....B pour Bombardier et 7 pour le nombre de personnes à son bord . Il remporte rapidement un franc succès qui ouvre la voie d'un marché porteur intéressant très rapidement les médecins, vétérinaires et autres .....établissements de pompes funèbres ! souvent très gênés par les problèmes de circulation l'hiver . Ils peuvent désormais braver les aléas de l'hiver .
des sociétés comme Coca-Cola et la marque de crêmes "glacées" Perfection font partie des premiers clients afin de subvenir aux besoins de leur clientèle .
Joseph Armand Bombardier sillonne largement le Québec avec un de ses engins et prends un soin tout particulier à stationner près des bureaux de presse, des villes où il passe, afin d'attirer l'oeil, s'assurant ainsi régulièrement une publicité gratuite .
Mais notre inventeur ne compte pas s'en arrêter là et met déjà au point un véhicule pouvant transporter 12 personnes ...le B12 . qui donne à ses inventions une dimension plus "collective"
ce véhicule hors-norme intéresse immédiatement, la police, les écoles, les pompiers.....et offre des capacités uniques aux adeptes d'expéditions polaires.....
les roues sont désormais remplacées par des roues pleines, afin de remédier au problème d'accumulation de neige, dans le système d'entrainement .
le "service des postes de sa majesté" deviendra biensûr un bon client lui aussi .
Malheureusement le Canada entre en guerre, freinant Joseph Armand dans son élan . Le "ministère de l'approvisionnement et des munitions" le réquisitionne afin de transformer son dernier véhicule à des fins plus militaires . Il met au point le B1 qui fait l'objet de plusieurs dépôts de brevets au Canada et aux Etats-Unis . Il fera l'objet de nombreuses adaptations destinées à la défense, dont un amusant "Penguin Mark3". Drôle, tout au moins, pour le nom puisque ce véhicule est un blindé destiné à un usage bien peu poétique. Point positif de cette période Joseph Armand développe en milieu militaire ses capacités au travail et s'entoure intelligemment de personnes compétentes pour la production . Ceci lui permet de se consacrer, quasiment à plein temps, à ses inventions et adaptations .
En 1946 le garage ne suffisant plus Joseph Armand fait sortir de terre une usine sur le modèle des chaines de montage Ford, afin de subvenir aux besoins de l'entreprise devenue désormais "l'Autoneige Bombardier limitée" au capital de 3000 actions.
le B12 est rapidement décliné en diverses versions à usages variés ....
on peut même désormais remplacer les patins avant par des roues, pour utiliser les véhicule en milieu boueux.
des adaptations seront apportées pour pouvoir utiliser ces véhicules dans toutes conditions difficiles. Le système de chenilles sera même adapté à d'autres véhicules tels que des tracteurs devant travailler en milieu marécageux.
ici dans deux versions dont l'échancrure dans la carrosserie permet d'installer sur l'essieu avant, de façon interchangeable, roues ou patins en fonction de l'utilisation désirée.
Bombardier vulcanise....
Les chenilles étant raccordées par des boulons entre elle, ceci créer un point de rupture que Bombardier voudrait résoudre . N'ayant aucun fournisseur qui peut subvenir à ce problème majeur, Joseph Armand met au point et dépose le brevet d'un nouveau système de vulcanisation du cahoutchouc, lui permettant ainsi de fabriquer des chenilles sans fin.
A la fin des années 50, l'entreprise ayant retrouvée sa prospérité, notre inventeur peut se consacrer à son passe temps favori....l'invention . Ainsi voient le jour ses premiers prototypes de "moto-neige" qu'il prend lui-même plaisir à expérimenter dans les vastes forêts canadiennes.
rapidement les brevets relatifs à cette découverte prédominante sont déposés . l'engin prévu surtout pour les "loisirs récréatifs" porte le nom de "Ski-Doo" initialement appelé "Ski-Dog" mais une brochure imprimée avec une faute d'orthographe changera la donne ....le "scooter des neiges" vient de naître.
Joseph Armand Bombardier nous quitte le 19 février 1964, à l'âge de 56 ans.
Sans le savoir, il a jeté les bases de ce qui deviendra la "Bombardier Corporation" présente dans l'industrie des loisirs, du nautisme, du transport ferroviaire, de l'aéronautique....un des plus puissants groupes industriels canadien et mondial.
Dix ans seulement après sa disparition plus de 1 million de motoneiges étaient déjà en circulation !